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Film de famille

Comme il semble loin le temps de la projection familliale à laquelle étaient conviés quelques amis de passage ! Un drap tendu sur un des murs du salon, le petit projecteur 8 mm posé sur la plus haute marche de l'escabeau, quelques chaises placées entre les deux, les rideaux tirés. À l'heure des réseaux sociaux qui exposent à la face du monde et jusqu'à plus soif, les visages et autres pensées de nos contemporains, le film de famille paraît bien lointain, bien pudique et bien discret. Pourtant, à sa façon et en son temps, il occupait cette place de "réseau" offerte à celui qui voulait montrer aux autres un peu de son intimité... sa famille ! La confidentialité de la projection familiale et l'impossiblité de faire une copie des films, réduisaient considérablement l'impact de diffusion de ces productions si particulières, réservées à la famille :

 

Les films de famille !

Avant même que la télévison ne deviennent le grand distributeur d'images, le cinéma familial apportait une alternative inespérée entre l'anonymat complet et le vedettariat des "grands films". Toujours balancé entre le voyeurisme et l'exhibitionnisme, ce petit cinéma de Papa trouvait sa place dans la petite série des images de Soi. Pas de grands comédiens, pas de personnalités de l'actualité, ni de starlettes... seulement un regard, porté, généralement par le père, sur sa propre famille. Avec la photographie, le cinéma familial permet de garder, de fixer et d'entretenir le souvenir, sans mise en scène particulière, en exhibant de façon rudimentaire et très artisanale, une petite portion "détachée" de la vie ordinaire. Le coût élevé des films, la briéveté du temps possible de prise de vue, ont modulé et façonné l'écriture même du film de famille. Les scènes fugasses, les plans inorganisés, l'enchaînement arbitraire et finalement souvent involontaire des images, donnaient à ces films une sorte de code, une conformation du temps vécu que seuls les "initiés" de la famille pouvaient décripter. Cette justesse très personnelle et intime pouvant aller jusqu'à n'être perceptible que par le cinéaste lui-même, et seulement par lui (presque toujours un homme) !

© Marie Lemé 2010

La "lecture" de ces courtes pellicules ne devient accessible qu'aux seuls initiés : les membres de la famille... ces bribes d'action, de situations diverses, de circonstances particulières sont clairsemées de "manques", d'espaces vides, on pourrait dire dans un jargon cinématographiqe plus formel : d'élipses. Le petit résumé, de 3 minutes et 20 secondes, du mariage de Tante Gisèle, permet à toute la famille de revivre cet évènement ensemble, d'en raviver le souvenir... Une façon de reconstruire en famille sa propre histoire. Et pour cela aucune construction cohérente n'est nécessaire, la narration peut être absente, qu'importe ! Ce film, comparable en quelque sorte à un jeu de société, va permettre, au cours de la projection, une véritable cohérence dans le renforcement du groupe familial. Chacun apportera le complément "manquant" à la briéveté des images, chacun fera par un "remplissage" personnel, une reconstitution de l'évènement. Et de ce fait, malgré la réalité très primaire de ces films, c'est l'imaginiare qui l'emportera, la fiction prendra sa part dans un "scénario" commun à tous les membres de la famille qui en sont aussi les "acteurs".

Nicolas - Camescope HD - 2012

Les projections successives, provoquant la répétition volontaire des scènes les plus marquantes, les font devenir des mythes, la famille communie, chaque membre apportera en cours de projection un élément reconstituant... (cela est surtout vrai pour les films muets). L'étranger, invité, à une projection, pourra aller parfois jursqu'à ressentir une gêne à la vision de certaines images, car pour lui, qui n'est pas de la famille, le décryptage n'est pas évident, le code ne lui appartient pas... pour les autres, les "membres", la projection fait partie intégrante du film ! Chacun ajoute, à voix haute, un détail, un souvenir personnel, chacun aide les autres à cette reconstruction intime de ce qui se partage. Ici pas de silence comme pour le "grand cinéma", bien au contraire... éclats de rire, interpellations, et petites répliques bien placées, font la "bande son" du film, jusqu'au bruit du projecteur qui participe, lui aussi, à l'ambiance si particulière de la projection familiale. (Lorsqu'une fiction professionelle veut symboliser le film de famille, c'est immanquablement ce bruit de moteur caractéristique qui en est le repère).

 "Noël 61"  premier film de Pierre Sanson - Noir & Blanc Muet

Le plus pur modèle du film de famille n'est pas un film "bien fait", ni structuré... ce serait prendre pour norme le film professionnel de fiction. Il n'a pas besoin de norme, ni de modèle... pas de générique, depuis les petits ronds blancs* laissant passer la lumière du projecteur, jusqu'au retour à l'écran vide, il n'a ni ouverture ni fermeture. L'écriture de son film échappe au cinéaste lui-même, il filme instinctivement. Seuls les changements de lumière, de costumes, de lieux, permettrons de suivre, sans précision aucune, le déroulement du temps... Sans montage, la chronologie est celle du déroulement de la pellicule elle-même. La caméra donnera à voir "où nous étions", l'un ou l'autre se tiendra à côté du panneau de la ville, devant un monument... Plan fixe interminable, héritage ineffaçable de la photographie, ou au contraire panoramique vertigineux, boulimie d'espace et de mouvement, comme une libération incontrôlée de la fixité de la photo. Et combien de regards caméra, regard porté à celui qui filme, supplication main tendue pour qu'il arrête, pied de nez, grimaces et fausse inattention pour avoir "l'air de rien", sont les attitudes "classiques" des personnages filmés... Jusqu'à la secousse qui fait basculer le cadre dans une censure mamu militari du sujet lui-même. Ces regards et divers échanges avec le "cameraman" lui donneront encore plus de distance avec le film professionnel. Le film de famile peut tout se permettre... derrière, comme devant la caméra !

Jean-Noël - Camescope MiniDV numérique - 1995

Plus le film de famille est décousu, plus il présente des absences de construction, mieux il fonctionnera pour permettre la mise en œuvre collective de l'histoire de la famille. Celui qui regarde un film de famille, de "sa" famille, n'est pas un spectateur, mais un participant : cameraman, acteur, projectionniste, bonimenteur (à la façon des projections du cinéma primitif, pendant lesquelles quelqu'un se tenait près de l'écran pour raconter l'histoire, faire les voix, les cris et autres effets sonores naratifs, "en direct"). Le véritable cinéma familial tient une place très particulière dans le monde des images, que la vidéo et ses camescopes ne lui ont pas retirée. Il sait s'adapter aux technologies actuelles. Toutes sortes d'approches ont donné au Film de Famille des possibilités nombreuses de se distinguer, en noblesse comme en décrépitude : le nouveau cinéaste qui, dès son premier film, n'ayant même jamais fait de photos avant, réalise un chef-d'oeuvre ; la folie de celui qui veut jouer au "grand cinéma" ; de celui qui emmagasine ses souvenirs de voyages sur des kilomètres de pellicules ; la rage du malchanceux dont les images sont toutes floues ; la consternation de celui qui découvre son film tout noir (bouchon resté sur l'objectif ... Et sans visée reflex, implossible de le voir !) ; la volonté de celui qui filme pour montrer "plus tard" à ses enfants... La liste est impressionnante. Heureux ou malheureux celui qui assiste à la projection de ces films, sans faire partie de la famille !

Patrice - Camescope Hi 8 - 1996

* ronds blancs : sur les films 8 mm et certains films 16 mm l'indication du type de pellicule était marquée par une sorte d'emporte-pièce, en tout début de film. Il était perforé de quelques minuscules cercles qui formaient des lettres et des chiffres, laissant passer directement la lumière de la projection. En début de projection, on pouvait voir environ une quarantaine de "ronds blancs" sur l'écran se mêlant aux toutes premières images.

Référence pour cet article : "Le film de famille - usage privé - usage public" sous la direction de Roger Odin

Librairie des Méridiens Klincksieck et Cie - 1995

lire l'article :  "Amateur vs Pro"   

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